Romans
Anne-Sophie Subilia, l’Epouse,
Zoé, 224 pp, 17 €.
C’est un roman d’une immense délicatesse qui se lit comme on siroterait un verre d’orgeat glacé un jour de canicule. Une jeune Britannique, Piper, suit son mari à Gaza où il vient d’être nommé délégué humanitaire. Quand on connaît Gaza, on imagine la solitude et le mal-être de cette femme qui ne sait quoi faire d’elle-même en attendant le retour de son mari. Elle découvre la chaleur qui pèse sur les épaules, la présence des militaires israéliens, la pauvreté de ce territoire pris en tenailles entre Israël et l’Egypte, le sable qui s’immisce dans les moindres recoins. Elle peine à trouver sa place alors que son mari revient chaque soir toujours plus accablé par ce qu’il découvre du sort fait aux Palestiniens. Pour remplir le vide, elle marche sur la plage, s’amuse des facéties de la petite Naïma, et surtout s’émerveille des capacités du vieil Hadj, le jardinier palestinien, à faire fleurir son jardin désertique. Anne-Sophie Subilia a ce talent rare de transformer en magie du quotidien des détails à première vue insignifiants, un regard plus lourd qu’un autre, une enfant qui chaparde un sac, un coucher de soleil sur une langue de sable battue par le vent. C’est éminemment politique et poétique. A.S.
Alain Mabanckou, le Commerce des allongés
Seuil «Fiction & Cie», 289 pp., 19,50 €.
Le dernier roman d’Alain Mabanckou commence par un mort, Liwa Ekimakingaï, qui se relève euphorique de sa tombe du cimetière du Frère-Lachaise, vêtu d’une veste orange, d’une chemise verte fluo, d’un pantalon violet à pattes d’éph et de chaussures rouges. Le jeune cuisinier à