Romans
Henri Raczymow Une saison avec Luce
Editions du Canoë, 184 pp., 18 €
Henri, écrivain en devenir, admiratif de l’œuvre de Proust, en vacances avec son ami Mathieu Szpiro, tombe amoureux de Luce, sa jeune voisine, étudiante rédigeant précisément une dissertation sur des personnages de Proust. Dès lors, on peut lire une saison avec Luce à l’aune d’«Albertine disparue» et tout fait miroir. Pour peu, il s’agirait d’un jeu où chercher l’équivalence. On peut aussi parfaitement ignorer les références sans que le livre y perde de son charme, de sa légèreté d’autant plus paradoxale que le sujet central, la souffrance amoureuse, est grave. Reste tout de même cette manière toute proustienne d’examiner à la loupe, jusqu’à la lie, les sentiments, les revers, les déceptions, l’attente, la jalousie, comme si l’auteur invitait Proust à jouer avec lui en lui laissant, avec tout le respect dû à un aîné, le choix d’instaurer ses propres règles. N.A.
Félicité Herzog Une brève libération
Stock, 350 pp., 20,90 € (ebook : 15 €).
Femme puissante, antisémite, cruelle, meilleure amie de la fille de Pierre Laval et amante de Paul Morand, May de Cossé-Brissac fut plus méchante encore sous l’Occupation. La période lui donna l’occasion d’étaler tous ses charmes : «La vie mondaine était exaltée par les occupants, pourvu que l’on servît leurs intérêts. » Les passions tristes de May n’ont pas épargné sa fille, Marie-Pierre de Cossé-Brissac, qui se trouve être la mère de l’autrice, Félicité Herzog. Ce roman est la biographie de sa mère, de sa grand-mère, et d’une «caste sans foi ni loi». Dans ce monde-là, «la filiation était la