La voilà revenue. La taupe. L’homme aux deux visages, le «Sympathisant». On l’avait quitté un soir dans un faubourg de Saïgon. Il allait plonger dans l’abîme en hurlant. C’est un «fantôme» qui refait surface dans la France de 1981, dans un Paris interlope, pour «conquérir le cœur de la blanchitude», se jouer d’elle et sonder les ambiguïtés de l’histoire et de l’idéologie. Dans ce deuxième volet des aventures du Sympathisant, l’ex-boat people humilié par l’exil, originaire d’un «pays réduit à une guerre», se confronte au legs de la colonisation et sa propre identité de «drôle de bâtard» hanté par la révolution. Ce dévoué est un chien fou et torturé au pays des idées et des belles âmes, où «l’Asiatique et l’Arabe sont les beaux-enfants coloniaux d’une même marâtre abusive». Tout cela semble terriblement sérieux. C’est mal connaître Viet Thanh Nguyen. Son Dévoué, qui emprunte au cinéma de Tarantino, John Woo et Melville, est vif, drôle, féroce pour éclairer la psyché coloniale et machiste. Et, in fine, pour parler au nom de «ceux qui n’ont rien et à qui on refuse jusqu’à la tranquillité de ce rien», selon Federico García Lorca, que l’auteur invite au terme d’un roman habilement indigné.
Quand vous écriviez le Sympathisant, aviez-vous déjà le projet d’écrire une suite ?
Je voulais vr