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Violences sexuelles : huit femmes témoignent contre l’auteur Neil Gaiman

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Après de premières révélations l’été dernier, le «New York Magazine» rapporte les témoignages de huit femmes racontant les agressions et viols dont elles auraient été victimes de la part de l’écrivain de 64 ans.
Neil Gaiman en 2014. (Ulf Andersen/Aurimages. AFP)
publié le 14 janvier 2025 à 17h00

Avertissement

Cet article relate la description de violences sexuelles et peut choquer.

A la une de la dernière édition du New York Magazine, le visage de Neil Gaiman s’affiche en grand. Non pas pour faire un éloge de l’auteur mondialement connu d’œuvres cultes comme la série de BD fantastique Sandman ou le conte angoissant Coraline, tous deux adaptés à l’écran, mais pour rapporter de nouvelles accusations de violences sexuelles à son encontre. Dans un article signé de la journaliste Lila Shapiro, huit femmes parlent, certaines à identité découverte, pour raconter les agressions dont elles auraient été victimes de la part de l’écrivain britannique de 64 ans, qui réside aux Etats-Unis.

Les premières accusations datent de cet été, quand Tortoise Media révélait que Neil Gaiman avait été accusé d’agression sexuelle par cinq femmes dans un podcast en six parties intitulé Master. Master, maître en français, comme le nom par lequel l’auteur demandait à être appelé lors de rapports sexuels non consentis. Cependant, la plupart n’avaient utilisé que leurs prénoms ou des pseudonymes pour parler et aucun grand titre de presse n’avait encore corroboré l’étendue des faits rapportés. Jusqu’à l’article du New York Magazine.

«Etat de choc»

Parmi les huit femmes qui témoignent, quatre avaient participé au podcast de Tortoise Media. L’une d’entre elles, Scarlett Pavlovich, avait 22 ans lorsqu’elle a rencontré l’écrivain, à l’époque où il vivait en Nouvelle-Zélande, pour devenir la babysitter de son enfant. Elle raconte que l’écrivain lui aurait proposé de profiter d’une baignoire installée dans son jardin avant de la rejoindre entièrement nu et de la violer. «Il a mis ses doigts directement dans mon anus et a essayé d’y introduire son pénis. J’ai dit : “Non, non.” Il a ensuite essayé de frotter son pénis entre mes seins, et j’ai également dit “non”. Il m’a ensuite demandé s’il pouvait jouir sur mon visage et j’ai dit “non”, mais il l’a fait quand même, raconte Scarlett Pavlovich au New York Magazine. Il a dit : “Appelle-moi maître et je vais jouir.” Il a dit : “Sois une bonne fille. Tu es une bonne petite fille.”»

Scarlett Pavlovich raconte un autre moment où Neil Gaiman séjournait avec son fils dans un hôtel d’Auckland et lui aurait demandé de surveiller l’enfant pendant qu’il se faisait masser. Elle affirme qu’il a ensuite eu des relations sexuelles avec elle alors que son fils était dans la chambre, et qu’il a continué à lui parler pendant l’acte. Scarlett Pavlovich dit avoir demandé à l’écrivain «Qu’est-ce que tu fais, putain ?» et qu’elle se trouvait alors dans un «état de choc».

Scarlett Pavlovich est toutefois restée en contact avec Neil Gaiman, signant un accord de confidentialité pour ne pas divulguer ces faits en échange de 9 200 dollars. Malgré tout, elle décide de déposer plainte pour agression sexuelle en janvier 2023, mais «l’affaire est désormais close», a déclaré un porte-parole de la police au New York Magazine.

Pratiques non consenties

Plusieurs autres femmes rapportent des faits similaires, soit de viols par surprise, de pratiques extrêmes non consenties et, pour certaines, d’argent versé contre leur silence ou pour payer des séances de psy destinées à «réparer les dégâts». Et si l’article du New York Magazine précise que toutes les femmes qui témoignent ont, effectivement, à un moment ou un autre accepté d’appeler l’écrivain «maître», les pratiques BDSM imposées n’auraient jamais fait l’objet d’un recueil du consentement.

Les avocats de Neil Gaiman ont déclaré au podcast de Tortoise Media que «la dégradation sexuelle, le bondage, la domination, le sadisme et le masochisme ne sont peut-être pas du goût de tout le monde, mais entre adultes consentants, le BDSM est légal». Quant au récit fait par Scarlett Pavlovich dans l’hôtel d’Auckland, les avocats de l’écrivain estiment qu’il est «faux, pour ne pas dire déplorable».

Depuis les révélations de Tortoise Media, plusieurs projets cinématographiques et télévisuels de Neil Gaiman ont été affectés. Ce qui devait être la saison 3 de Good Omens sur Prime Video va finalement devenir un épisode unique de 90 minutes, dont Neil Gaiman est écarté de la production. Disney a de son côté interrompu la production de son adaptation cinématographique de l’Etrange Vie de Nobody Owens. Cependant, la saison 2 de The Sandman est toujours prévue cette année sur Netflix, comme l’adaptation de la série Anansi Boys, tiré du cycle romanesque American Gods, sur Prime Video.