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Violette Leduc et Simone de Beauvoir, le diable au cœur

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A l’occasion de la sortie de l’édition augmentée de «Ravages», retour sur un lien fructueux.
Violette Leduc, autrice de «la Bâtarde» qui la fit connaitre au grand public, chez elle, en novembre 1964 à Paris. (AFP)
publié le 3 novembre 2023 à 15h55

L’édition de Ravages en 1955 est sobrement dédiée «A Simone de Beauvoir», mais les cahiers manuscrits indiquent : «A Simone de Beauvoir que j’aimerai toujours, qui vivra dans mon dernier souffle». Elles font connaissance au lendemain de la guerre. Violette Leduc a gagné sa vie en faisant du marché noir dans le sillage de Maurice Sachs, écrivain homosexuel dont elle était amoureuse. Elle s’éprend de la même manière de Jacques Guérin et de Simone de Beauvoir, privilégiant pendant longtemps les amours impossibles. Lettre de Violette Leduc à Beauvoir en 1950 : «Quelle chance j’ai eue de vous rencontrer pour vous aimer dans l’insurmontable. Je suis à vous dans le renoncement, ce qui signifie que je suis à l’abri des hommes et des femmes.»

Sachs l’a encouragée à écrire (pour avoir la paix, disent les mauvaises langues), Beauvoir prend le relais avec une générosité et une patience qui ne feront jamais défaut. Une fois par mois, puis tous les quinze jours, elle lit ce que Violette Leduc lui apporte, la conseille et l’écoute. Enfin, de 1949 jusqu’au succès de la Bâtarde en 1964, Sartre puis Beauvoir seule versent une allocation mensuelle à celle qui n’a plus de ressources. Pour ménager sa susceptibilité, c’est la maison d’édition qui envoie l’argent, soi-disant à titre d’avance. «Ça fend le cœur de permettre que Gallimard paraisse si attentionné et généreux, mais il le faut, cette femme est vraiment intéressante», écrit Beauvoir à son amant,