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Amorcé pendant la Seconde Guerre mondiale, Soir du poète triestin Virgilio Giotti est à la fois lumineux et sombre. L’auteur du Petit Chansonnier amoureux, également au catalogue de la jeune maison d’édition Triestiana, peut y parler de la «terrible envie /d’être heureux», comme du désespoir qui rôde autour de la maison familiale. Virgilio Giotti (1885-1957) vit en 1943 dans une attente atroce. Avec sa femme, d’origine russe, il a eu trois enfants, une fille et deux garçons. Or les deux fils sont partis comme interprètes sur le front de l’Est, où l’armée de Mussolini, allié des Allemands, connaît à la fin 1942 le début d’une débâcle totale. Une déroute que l’écrivain italien Mario Rigoni Stern racontera de façon inoubliable dans le Sergent dans la neige.
Virgilio Giotti n’apprendra qu’en 1946 par un camarade d’armes la mort de son fils Paolo. Le frère, Franco, sera porté disparu. La tentation du suicide travaille le poète, mais il est très lié à sa femme qui dépend de lui. Il lui faut alors, écrit Anna Modena dans la préface «employer ses pauvres “outils humains” pour survivre dans un silence qui vaut comme défense, rigueur morale, respect pour les autre