Amour, haine et illusions : sur ce trio repose le nouveau livre d’Hanif Kureishi. Il ne retient pour titre que les deux premiers mots, D’amour et de haine, naturellement bien assemblés, mais qui travaillent en partenariat avec les illusions pour soutenir ou détruire le désir, la vie conjugale, l’inspiration d’un écrivain, l’éducation d’un enfant et le fanatisme religieux, un thème fréquent chez Kureishi. Vous œuvrez à perdre vos illusions ? C’est bien. Vous préférez les garder ? Continuez. Lecteur de Freud, Hanif Kureishi ne veut désespérer ni tyranniser personne. Mais il remarque, dans les essais et les nouvelles ici réunis, comme dans ses romans ou dans ses scénarios, que le masochisme est la chose du monde la plus partagée. D’amour et de haine débute avec «Vol 423», où les illusions s’envolent.
C’est une nouvelle-catastrophe comme il existe des films-catastrophe. Daniel est un homme comblé en affaires et en amour. Il est sur le point de rentrer chez lui en avion et s’en réjouit, car il se languit de sa femme : «Il songea que ceux qui étaient aimés et ceux qui ne l’étaient pas appartenaient vraiment à deux espèces différentes.» Seulement l’avion ne peut atterrir et tourne des heures puis des jours au-dessus de la piste, sans que l’équipage n’en donne la raison. La nourriture et l’eau viennent à manquer, chacun lutte pour sa survie, c’est un carnage. L’engin prend de la hauteur et file vers l’inconnu. Daniel, qui aura goûté dans l’existence au meilleur