Ne serait-ce l’odeur d’ordures, la rencontre pourrait avoir son charme. L’antihéros d’Un zèbre dans la guerre a été jeté dans une poubelle géante à la suite de la célèbre directrice du théâtre local, l’ancienne reine de la pop Céline Muscat. L’occasion est unique : Paul ne peut s’empêcher de la féliciter pour sa mise en scène du Roi Lear. «Fred Pal Junior dans le rôle de Lear : inégalé./ – Merci./ – J’espère qu’elle sera rejouée, un jour./ – S’il y a encore un jour dans cette vie.» Dehors la foule haineuse ne cesse de tambouriner sur le couvercle puant. «Et vous, vous êtes qui ? demande la réalisatrice/ – Paul Sarianidis./ – Enchantée. Et je suis censée vous connaître ?/ – Je suis le pisseur./ – Pardon ?/ – Je suis l’homme sur la vidéo qui a été menacé et humilié par Loupovitch et qui, sous le coup de la peur, a fait dans son pantalon.» Céline Muscat n’en a pas entendu parler, elle se tient loin des bruits du monde. La télévision la rend «dépressive», les réseaux sociaux la dégoûtent et elle déteste YouTube, «les chiottes d’Internet».
Or c’est l’occasion ou jamais de se tenir au courant. Les rebelles qui combattent le pouvoir établi ont conquis la ville. Savoir où sont les lignes de front, comment avoir du ravitaillement conditionnent la survie. Lui, Paul Sarianidis, un ingénieur aéronautique au chômage technique, a le chic pour se jeter dans les guêpiers. Il y a d’abord eu l’histoire du «pisseur». L’antihéros a eu le tort de jouer les troll