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Libération
Essai

Voisins vigilants, société des gourdins, croisades des honnêtes gens...: une histoire des «Citoyens policiers»

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Arnaud-Dominique Houte trace l’histoire des groupes de sécurité privée et rappelle que ces initiatives ont toujours été majoritairement condamnées.
Une milice patriotique de Clichy-Levallois, le 19 aôut 1944. (IHS-CGT Cheminot)
par Sylvain Venayre
publié le 18 janvier 2024 à 5h00

«La France a peur.» Pauvre Roger Gicquel, présentateur du journal télévisé, que l’on a souvent résumé à cette phrase prononcée en ouverture de l’édition du 18 février 1976, en oubliant le commentaire qui lui faisait suite : «Nous avons peur, et c’est un sentiment qu’il faut déjà que nous combattions, je crois. Parce qu’on voit bien qu’il débouche sur des envies folles de justice expéditive, de vengeance immédiate et directe.»

Rendons grâce à Roger Gicquel. Tout le monde n’a pas toujours eu la même conscience du problème. En décembre 2015, trois semaines après les attentats de Paris et de Saint-Denis, le maire de Béziers, Robert Ménard, annonçait à son de trompe la création d’une «garde biterroise» composée de 80 volontaires recrutés parmi les anciens policiers, gendarmes, militaires et pompiers. «D’un point de vue historique, disait Ménard, c’est peut-être une avant-garde.» Certainement pas.

«Bricolages»

On ne pose au passé que les questions du présent. Spécialiste de l’histoire du contrôle social, Arnaud-Dominique Houte s’inquiète visiblement de vivre le temps de l’éclosion de la sécurité privée, du reno