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Wolinski, fournée d’imbéciles

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Le cahier Livres de Libédossier
Une «Anthologie» montrant que les imbéciles éventuellement clairvoyants que sont les personnages habituels du dessinateur assassiné seraient souvent à leur place dans le monde d’aujourd’hui.
Extrait de «Anthologie» de Wolinski. (Wolinski/Cahiers Dessinés, 2024)
publié le 22 novembre 2024 à 12h25

En couverture de l’Anthologie des dessins de Wolinski, il y a trois hommes d’apparence différente, l’un disant aux deux autres : «A mon avis, il y a trois grandes catégories d’imbéciles» – et ce trio rend immédiatement la phrase on ne peut plus crédible. Les imbéciles ne furent pas l’unique source d’inspiration de Georges Wolinski, né en 1934 à Tunis et qui avait donc 80 ans lorsqu’il fut tué le 7 janvier 2015 dans l’attentat contre Charlie Hebdo (il participa dès 1961 à l’équipe d’Hara-Kiri). Son père aussi avait été assassiné, quand son entreprise de ferronnerie d’art ne marchait plus et qu’il avait licencié un manœuvre membre du Parti communiste tunisien qui crut que c’est à cela qu’il devait son sort. «Le Parti communiste a alors fait venir un bâtonnier de France pour défendre l’assassin du patron. «Ça ne m’a pas empêché de dessiner dans l’Humanité», commentera Wolinski, toujours double, toujours nourri de ses propres contradictions», écrit Pacôme Thiellement dans sa préface. La politique non plus ne fut pas l’unique source d’inspiration de l’auteur de ces albums-phares de l’après-Mai 1968, Ils ne pensent qu’à ça (puis Elles ne pensent qu’à ça) et Je ne veux pas mourir idiot, dont les titres devinrent des expressions courantes. «Wolinski, c’est un art de vivre. Etre drôle dans la tristesse, égoïste