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Entretien

Zeruya Shalev : «J’ai dit à mon personnage que je n’étais pas sûre que ça colle entre elle et moi»

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Le cahier Livres de Libédossier
Entretien avec la romancière israélienne autour de «Stupeur», livre qui «réfléchit beaucoup à comment on interprète le destin».
Deux jeunes juifs arrêtés pour port d'armes, en 1947, dans la banlieue de Tel-Aviv, par un policier anglais. (KEYSTONE-FRANCE)
publié le 29 septembre 2023 à 12h20

Comme presque toujours chez Zeruya Shalev, le récit est un monologue intérieur, sauf que cette fois il y a deux narratrices. D’un côté, Atara, une architecte mariée et mère de famille. De l’autre, une vieille femme de 90 ans, Rachel, que le père d’Atara a aimée, épousée et abandonnée il y a très longtemps.

Dans ce récit, à côté des thèmes habituels de l’écrivaine israélienne (notamment la culpabilité, sans doute le sentiment le plus présent dans ses romans) apparaissent de nouvelles questions. Atara est déchirée entre deux impératifs, trois même. Son mari est aux urgences pour un problème apparemment sans gravité. Son fils est revenu très déprimé de l’unité d’élite où il fait son service militaire. Et il y a Rachel. Que va lui dire la vieille femme sur le jeune homme lumineux qu’a été le père d’Atara quand, à la fin des années 1940, tous deux faisaient partie du Lehi, un groupe paramilitaire qui combattait les Britanniques ? Trois urgences, trois possibilités de prendre une mauvaise décision. Atara sera-t-elle responsable de la mort de son mari ? Ce roman parle aussi du deuil. Comment fait-on quand le défunt n’a pas eu le temps de dire ce qui était important ? «Le livre réfléchit beaucoup à comment on interprète le destin. On ne choisit pas son destin mais on peut choisir comment l’interpréter», dit Zeruya Shalev.

Les questions existentielles sont expl