«Quelle preuve tangible avais-je de mon existence ? Etais-je bien réelle ?» demandait Vanessa Springora dans son livre le Consentement, qui déclencha lors de sa parution en 2020 un salutaire débat sur l’emprise sur les mineurs. Elle avait 14 ans, l’écrivain Gabriel Matzneff en avait 50 et le récit qu’il faisait de leur relation et de leur quotidien dans ses livres passait il y a peu encore pour de gracieuses scènes de mœurs. «Quelle preuve tangible avais-je de mon existence ? Etais-je bien réelle ?» demande aujourd’hui, en écho, Ludivine Sagnier face au public du Théâtre du Rond-Point. Et comment transposer sur les planches un livre qui a changé les mots et les regards posés sur la pédocriminalité ? En lui restant fidèle, répond le metteur en scène Sébastien Davis, qui signe cette version scénique qui intervient après la sortie du film de Vanessa Filho avec Kim Higelin. Il n’a pas changé le texte, ni son ton, le coupant seulement (la pièce dure une heure vingt en tout).
Sébastien Davis et Ludivine Sagnier parviennent à rester sur un fil ténu qui fait entendre parfaitement le texte de Springora, sans jamais ou presque ajouter d’affèteries de mise en scène, et sans jamais non plus oublier le corps, au cœur de l’histoire. Ce corps de jeune fille qui désirait, ce corps qui bientôt ne désirera plus du tout, un trop viei