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Festival d'Avignon

«Ma jeunesse exaltée» d’Olivier Py: ennui agité

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Pour sa dernière année en tant que directeur du Festival d’Avignon, le dramaturge présente une pièce pénible de dix heures qui pêche par sa surabondance de concepts et ses relents réacs.
«Ma jeunesse exaltée» d’Olivier Py est une farce à tiroirs pleine de rebondissements. (Christophe Raynaud de Lage/Festival d'Avignon)
par Lucile Commeaux
publié le 11 juillet 2022 à 16h01

Olivier Py partage ceci avec les institutions qu’il représente sur scène : il entend nous instruire. Ma jeunesse exaltée fonctionne avant tout comme une leçon – ou un sermon selon le point de vue adopté – une vaste leçon de dix heures dans laquelle le maître essentialise à tout va, dans une ambition définitoire démesurée. Sans doute le contexte – sa dernière année à la tête du Festival, qu’on devine mélancolique – encourageait chez l’auteur et metteur en scène une propension déjà bien ancrée chez lui, et d’ailleurs thématisée dans le texte, au verbiage testamentaire. Les allusions biographiques à son âge, son expérience à la tête de diverses institutions pullulent et créent des effets de complicité parfois gênants. Au-dessus de la scène on lit écrit en lettres de néon : «ce qui vient» : l’insurrection ? L’apocalypse ? Peut-être, mais surtout la jeunesse, cette espérance à la fois érotiquement et poétiquement investie, instance désincarnée dans laquelle pourtant on nous l’affirme : il faut avoir foi.

Soit Arlequin (impressionnant Bertrand de Roffignac) : dans sa tenue à losanges il livre des pizzas, il est pauvre et a le verbe haut. Un soir, un ancien Poète, – on entend la majuscule, oui c’est possible – homme de lettres déchu en proie à la solitude (Xavier Gallais) lui propose un pacte semi-faustien : sa