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Roman

«Maman dort» de Michel Le Bourhis, traumas au hameau

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Le cahier Livres de Libédossier
Deux sœurs orphelines et l’obsession d’une maison où la mère les élevait seule dans leur toute petite enfance.
Un matin, la factrice s’inquiète : la boîte aux lettres est remplie de prospectus, la maison semble abandonnée. (Jeffrey Lee/Getty Images)
publié le 18 janvier 2025 à 13h00

Au village, on ne sait pas grand-chose de Mme Moreau. Si ce n’est qu’elle élève seule ses deux filles dans un hameau et qu’elle peine à joindre les deux bouts. Il ne faut pas croire que cela se voit tant que ça, non, la famille vit chichement mais de façon digne, les fillettes sont toujours propres et habillées correctement. Le potager et les poules leur fournissent les légumes et les œufs ; et Mme Moreau assure le reste avec des heures de ménage ici ou là. Nul ne sait qui est le père des enfants, personne ne côtoie la famille qui n’apparaît ni à la fête de la Saint-Jean, ni aux feux d’artifice du 14 juillet ni aux célébrations de Noël. Un matin, toutefois, la factrice s’inquiète : la boîte aux lettres est remplie de prospectus, la maison semble abandonnée alors que les enfants sont censées être à l’école. Saisie par un mauvais pressentiment, elle alerte la secrétaire de mairie qui appelle aussitôt les pompiers.

Des traces de nourriture séchée

Quand le pompier volontaire arrive, il sent aussitôt que quelque chose cloche. La texture du silence peut-être. Epaisse. Pesante. La porte d’entrée est fermée à clé. Il tape aux carreaux mais personne ne répond. C’est quand il envisage de forcer la porte qu’il entend des voix d’enfants. Des chuchotements plutôt. Il demande qu’on lui ouvre la porte. Rien. Alors, il entre en force. Et là, il découvre Angélique, 5 ans, et Bérangère, 3 ans, apeurées, se tenant par la main. Des traces de nourriture séchée autour de la bouche. Vraisemblablement pas lavées depuis plusieurs j