Avant que son chemin ne croise celui des statues et bas-reliefs du Parthénon, Thomas Bruce, 7e comte d’Elgin, était un aristocrate sans histoire. Né sur la côte écossaise, parti étudier le droit à Paris et l’allemand à Dresde, il devient général sans faire la guerre et obtient un siège à la chambre des Lords, tout en multipliant des missions diplomatiques en Europe. Endetté par la reconstruction de sa demeure familiale, qu’il veut néoclassique, il se refait une situation en se mariant à une riche bourgeoise avant de prendre la mer pour Constantinople, en 1799. Sa mission sur place est stratégique : en tant qu’ambassadeur, Elgin est chargé d’étendre l’influence britannique en Orient. La France est alors en pleine campagne en Egypte pour barrer la route des Indes à la Grande-Bretagne, et l’Empire ottoman apparaît comme un allié de choix pour Londres.
Flou d’interprétation
De santé délicate (asthmatique, atteint de rhumatismes et probablement de la syphilis, puis amputé d’une partie du nez), Lord Elgin souhaite que son séjour soit «profitable aux Beaux-Arts en Grande-Bretagne» et qu’il serve à y «faire progresser le bon goût». Pour cela, il embauche à ses frais un peintre et des ouvriers, qu’il charge de réaliser croquis et moulages des bâtiments et sculptures antiques d’Athènes. Il n’est alors nullement question d’emporter quoi que ce soit, mais El