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Rencontre

Marc Held : «En design comme au judo, on ne s’affronte pas, on compose»

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Rencontre avec l’architecte de 93 ans, qui revient sur sa carrière, de ses meubles emblématiques mais avant tout abordables pour Prisunic à ses années au service de la multinationale IBM, aujourd’hui qualifiées de «fausse route», jusqu’à ses projets plus récents et vernaculaires en Grèce et au Sénégal.
Marc Held à Skopelos, le 4 août 2025. (Virgilios Tsioulli/Libération)
par Gaspard Couderc
publié le 18 août 2025 à 16h48

Sous un ciel d’azur immaculé, les embruns d’une mer Egée pourtant d’huile saupoudrent la terrasse ombragée de Marc Held. L’air triomphant sur sa chaise en osier, l’emblématique architecte et designer français des décennies 60, 70 et 80 accueille chez lui, à Skopelos, une petite île grecque de l’archipel des Sporades rendue fameuse pour avoir servi de décors à certaines scènes du film Mamma Mia.

C’est dans ce décor vert et montagneux, sorte de «Corse miniature peuplée de paysans et de pêcheurs» comme il la décrit, que le créateur d’objets du quotidien devenus cultes, parmi lesquels le fauteuil Culbuto ou le lit Prisunic, a élu domicile il y a trente-six ans, remisant derrière lui une vie parisienne fastueuse. Tutoyant les puissants, l’architecte avant-gardiste et utopiste était devenu incontournable, l’un des premiers créateurs à placer l’écologie au centre de ses œuvres, usant de formes et de matériaux fonctionnels, loin des préoccupations consuméristes de l’époque. Sa dernière réalisation, une école maternelle au Sénégal – pays où il vit cinq mois de l’année – inaugurée en 2024, témoigne de cette quête de sens derrière les objets et les bâtiments. A bientôt 93 ans, pantalon blanc et élégante chemisette beige, le prolixe Marc Held, qui fut l’un des plus jeunes résistants de France, consent volontiers dans la chaleur du mois de juillet grec à évoquer une enfance où, juif, il vécut la Seconde Guerre mondiale dans sa chair, et sa brillante carrière artistique marqu