On éprouve souvent devant le théâtre de Mohamed El Khatib une impression soupçonneuse qui ne tient pas seulement à sa forme documentaire. Du faux-vrai ou du vrai-faux il est le maître, lui qui met apparemment sur scène d’authentiques gens – supporters du Racing Club de Lens, pères et mères endeuillés – pour mieux faire advenir la fiction. Cet autre soupçon caché derrière le premier est bien davantage une forme de culpabilité face au plaisir indéniable qu’il nous procure. D’une certaine manière, il est trop aimable pour être bon.
On se méfie d’abord à nouveau, devant ce nouveau spectacle créé en atelier avec un groupe d’élèves du Théâtre national de Bretagne, une vingtaine de jeunes hommes et femmes qui, pendant un peu plus d’une heure, nous parlent sur scène de leurs parents. Le plateau est presque nu : deux tabourets, un banc, un micro à pied, un piano noir et, en fond de scène, un pan de mur qui sert de support à la diffusion de vidéos – Skype avec maman, réunion de confinés. S’y déploient les grands enjeux de la filiation – la sexualité, l’héritage, l’amour, le respect, la différence, la classe – le temps de saynètes courtes où chacun, on le sent, est très à son avantage dans ce qu’il sait faire de mieux : émouvoir, attendrir, amuser surtout.
Grain de sable
La salle enthousiaste applaudit volontiers au cours de la représentation comme à des numéros, dont le comique traditionnel (imitations, accents, blagues sur les boomers) indéniablement fonctionne. Pour autant, régulièrement dans le rou