Gertrude Bell est l’anti-Mata Hari. Nées à la fin du XIXe siècle, les deux femmes ont seulement huit ans de différence, elles ont été chacune à leur façon aventurière et espionne mais la comparaison s’arrête là. Mata Hari est devenue une sorte de mythe, celui d’une séductrice prête à user de tous ses charmes pour obtenir des informations. Gertrude Bell a espionné avec son seul cerveau et sa seule détermination et elle a été balayée par les soubresauts de l’histoire, pire même, éclipsée par un homme qui était son ami et dont le nom, lui, deviendra mythique : Thomas Edward Lawrence, alias Lawrence d’Arabie. Grâce à Olivier Guez, qui lui a consacré six longues années, six ans à arpenter les lieux emblématiques de son existence et à éplucher les très nombreuses archives la concernant, et notamment sa correspondance, Gertrude Bell revit aujourd’hui à travers un livre, Mesopotamia, qui est autant un roman qu’un document précieux sur les racines de l’épouvantable chaos que représente le Moyen-Orient aujourd’hui, un Moyen-Orient que l’archéologue britannique a en grande partie contribué à façonner au début du siècle dernier.
Puits de pétrole et rafales de vent
C’est la guerre d’Irak consécutive aux attentats du 11 Septembre qui a d’abord