Les mines sont graves au Palais de Tokyo, ce vendredi 28 juin. Deux jours avant le premier tour des élections législatives, le centre culturel parisien a organisé une assemblée titrée «J-2 et après». Une vingtaine d’artistes, d’écrivaines et d’intellectuels, de la romancière Diaty Diallo à l’artiste Thomas Hirschhorn, de la performeuse Hortense Belhôte à l’avocate Agnès Tricoire, se succèdent sur scène pour alerter le public, composé d’aficionados, d’étudiants et de travailleurs de l’art, sur les périls que représenterait une prise de pouvoir du Rassemblement national à l’Assemblée. «Attention à la soumission qui arrive, les procès en wokisme et en apologie du terrorisme, prévient l’écrivaine Mame-Fatou Niang. Ce qui vient sera dur, ce qui vient sera sale, mais d’autres avant nous ont traversé les nuits et ont codifié les aubes.»
Mais à la mi-temps des interventions, l’opportunité est donnée au public de s’exprimer, et fuse soudain cette apostrophe : «Ce qui manque aujourd’hui est un constat d’échec du côté des institutions. Qui établit le langage ? Comment est-ce que l’on y parle et à qui ? Il faudrait admettre que nous ne sommes pas si aimables qu’on le croit. Cela demande beaucoup d’humilité.» Un autre spectateur, citant Bourdieu, abonde, donnant le prix plein tarif de l’entrée au Palais : «Vous vous rendez compte que 12 euros représente plusieurs repas pour beaucoup de monde ?» Faute de représentations artistiques variées et de mesures d’access