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Libération
Disparition

Mort de Benoît Duteurtre, écrivain et critique musical

Le journaliste, qui animait chaque semaine depuis 1999 l’émission «Etonnez-moi Benoît», est mort mardi 16 juillet à 64 ans.
Benoît Duteurtre, le 19 janvier 2017. (Emmanuel Pierrot/Libération)
publié le 17 juillet 2024 à 20h51

Son émission devait célébrer cette année son 25e anniversaire. L’écrivain et critique musical Benoît Duteurtre est mort mardi à l’âge de 64 ans des suites d’une crise cardiaque, survenue dans sa maison des Vosges, a annoncé son entourage ce mercredi 17 juillet.

«La famille est abasourdie par cette mort si brutale», a réagi son frère cadet, Jean-Baptiste Duteurtre. Arrière petit-fils du président René Coty, qui «résonnait en lui de façon quasi quotidienne», le journaliste «était un passionné de littérature et de musique, toujours dans la bienveillance», a tenu à préciser Jean-Baptiste Duteurtre.

«Un auteur de talent»

Chaque semaine depuis vingt-cinq ans, Benoît Duteurtre animait, «avec une passion jamais démentie», l’émission «Etonnez-moi Benoît» sur France Musique. Un programme qui proposait «une heure en tête à tête avec une grande figure, personnalité de la chanson, du music-hall, de l’opéra, du théâtre». Sur X (ex-Twitter), la présidente de Radio France, Sibyle Veil, a salué «un auteur de talent qui portait un regard emprunt de nostalgie et d’humour sur le monde».

De son côté, Stéphane Bern, qui retrouvait Benoît Duteurtre chaque année à Vienne pour le «bal du Nouvel An», a évoqué un «merveilleux romancier et critique musical». «Son esprit, sa culture, sa gentillesse nous manqueront», a ajouté le présentateur. Car Benoît Duteurtre n’était pas seulement au micro de France Musique. «S’il avait écrit pour le Figaro littéraire ou le Monde de la musique, il était surtout l’un des plus vieux chroniqueurs de Marianne, présent dans nos pages dès l’origine», a rappelé l’hebdomadaire, qui lui a rendu hommage ce mercredi.

Benoît Duteurtre était en effet essayiste et romancier, auteur d’une quarantaine d’ouvrages, parmi lesquels Tout doit disparaître (1992), Drôle de temps (1997), Le voyage en France (2001) – récompensé du Prix Médicis –, Livre pour adultes (2016) ou encore le Grand Rafraîchissement, paru au début de l’année. Il travaillait actuellement sur un nouveau roman, a confié son frère.

«L’un des écrivains les plus piquants de sa génération»

En 2017, le romancier avait obtenu le grand prix de littérature Henri-Gal de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre, et avait été fait commandeur des Arts et des Lettres en 2021. Il avait également tenté à plusieurs reprises d’entrer à l’Académie française, en vain. Et «en mars 2024, il avait fait paraître son dernier roman, le Grand Rafraîchissement, fable onirique annulant le réchauffement climatique, où dans un antique bistrot avec fumeur et œufs au comptoir, l’on retrouvait un peu du goût de la France d’avant», a rappelé Marianne ce mercredi.

Dans ses colonnes, l’hebdomadaire décrit le critique musical, né près du Havre en 1960, comme «l’un des écrivains les plus piquants de sa génération». Dans son ouvrage Dénoncez-vous les uns les autres, paru chez Fayard en 2022, Benoît Duteurtre tirait à boulets rouges sur le «wokisme» et sur la cancel culture, dans un ouvrage dystopique dans lequel les amateurs de viande devaient par exemple abattre eux-mêmes l’animal qu’ils mangeaient.