Le cinéaste canadien Ted Kotcheff est mort à l’âge de 94 ans et la postérité retiendra qu’il a commis Rambo (ou Rambo – Le Dévastateur au Québec), film qui changea la face de Hollywood – ou comment transformer la défaite américaine au Vietnam comme carburant de blockbusters musclés revanchards dans les années 1980. Mais comme son héros, que l’on prend d’abord pour un vagabond, Kotcheff était un vétéran et spécialiste rodé, baroudant entre les genres et les formats. Né en 1931 de parents bulgaro-macédoniens à Toronto, il devient à 24 ans le plus jeune réalisateur à la télé canadienne après avoir décroché un diplôme de littérature anglaise.

Migrant vers les plateaux londoniens, il tourne sans ciller en 1958 et en direct le drame d’anticipation Underground (sur une explosion atomique dans le métro), où un des acteurs décède hors-champ pendant la diffusion – expérience qui l’inspirera peut-être sur le tournage de Week-end chez Bernie (1989), comédie noire où deux employés se baladent avec le cadavre de leur patron et tentent de dissimuler sa mort. Il tâte aussi du théâtre, dirige Ingrid Bergman dans une adaptation cathodique de la Voix humaine de Cocteau en 1966 et entame une carrière ciné dont le long métrage le plus fameux s