François Tanguy est mort dans la nuit du 6 au 7 décembre attrapé par une septicémie, au Mans, à l’hôpital où il avait été admis lundi dernier. Mort par surprise, alors même que son dernier spectacle, Par Autan, est en tournée et l’équipe sous le choc a préféré annuler toutes les représentations qui devaient avoir lieu au T2G à Gennevilliers. François Tanguy était évidemment beaucoup trop jeune pour s’éclipser, metteur en scène unique de 64 ans, qui depuis quatre décennies imaginait des œuvres limpides, à condition de se laisser happer dans un état second, lumineux si l’on accepte que la lumière ne soit pas antagoniste à la brume, et qui paraissaient se faire écho les unes aux autres – du moins, c’est toujours avec les mêmes mots que les critiques successifs tentent d’en faire état, de les attraper, toujours en vain. La vie de François Tanguy elle-même ressemblait à ce rêve éveillé et pourtant vécu, utopie concrète qui s’incarnait à la Fonderie, cet ancien bâtiment industriel du Mans de 4 200 m², puis garage, devenu théâtre. Avec le théâtre du Radeau, compagnie fondée en 1977, il y vivait et travaillait, y concevait longuement tous ses spectacles, y accueillait nombre de compagnies en résidence, mais aussi des associations ou des artisans depuis 1985.
Car si François Tanguy ne pouvait respirer que dans un théâtre, celui-ci s’ouvrait au monde. Les espac