Menu
Libération
Disparition

Mort du metteur en scène Jorge Lavelli, bête de scéno

Article réservé aux abonnés
Premier directeur du Théâtre de la Colline, le Franco-Argentin qui avait une prédilection pour les pièces inédites et contemporaines est mort lundi 9 octobre à 90 ans.
Jorge Lavelli à Paris en 1987. (Michel Gangne/AFP)
publié le 10 octobre 2023 à 16h14

Le metteur en scène franco-argentin Jorge Lavelli meurt, et des images de très anciens spectacles qu’il a signés resurgissent par bribes, comme s’ils n’étaient qu’un seul. Un espace dépouillé, des voilages sur les plateaux, qui dissimulent tout autant qu’ils montrent en arrière-fond d’autres espaces, l’équivalent d’une profondeur de champ au cinéma. Un roi se meurt sur un étrange trône, au centre du plateau, et deux reines (du théâtre), Christine Fersen et Tania Torrens l’entourent, l’une le pleurant, l’autre pas, toutes deux attendant une fin qui ne vient pas, et terrifiantes de présence. Jorge Lavelli n’était pas roi, mais ce n’est sans doute pas un hasard si sa mise en scène de Ionesco remonte aujourd’hui à la mémoire. Il avait 90 ans, il travaillait encore il y a dix ans. Sa dernière mise en scène fut pour un opéra, un Polyeucte du compositeur et pianiste polonais Zygmunt Krauze monté à Varsovie.

Talent de défricheur

Jorge Lavelli avait un goût effréné des auteurs contemporains, qu’ils soient argentins, norvégiens, polonais, français. Après Jérôme Savary, c’est lui qui introduisit Copi en France, avec Sainte-Geneviève dans sa baignoire et la Journée d’une rêveuse, en 1966, mais aussi, l’année d’après, l’Homosexuel ou la difficulté de s’exprimer où Copi jouait lui-même un travesti et qui fit grand bruit. Il mit aussi en scène des pièces d’Arrabal. Son talent de défriche