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On y croit

«1988, chroniques d’un adieu» de Maud Lübeck, vestiges de l’amour

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Une histoire d’adolescence et de deuil traverse le nouvel album de la chanteuse et compositrice française. Déchirant et superbement fragile.
Maud Lübeck. (Ph. Lebruman/Tsugi Radio)
publié le 19 février 2022 à 13h13

Déjà trois disques d’affilée que Maud Lübeck ose le déploiement d’une unique histoire découpée en chansons séquences (seul La Fabrique paru en 2012 ne cochait pas cette case «conceptuelle»). Après la séparation et la rencontre amoureuse sur les deux précédents, elle traque ici les empreintes, effacées mais toujours vibrantes, de la marche régulière vers l’accomplissement du deuil. Une fresque intime de la réparation affective dans laquelle le drame est annoncé cliniquement lors d’un prologue dit par Irène Jacob : la mort accidentelle d’un amour fantasmé et platonique. Maud Lübeck a alors quinze ans. Elle tente de retenir sa disparue avec son journal intime, compose recluse dans sa chambre des missives instrumentales au piano qu’elle lui envoie (en fin de parcours elle livre un extrait d’une cassette enregistrée à l’époque). Cette année 1988 devient une étape cruciale pour l’autrice-compositrice-interprète, la musique se place au centre de son existence.

Bien sûr, difficile de ne pas convoquer Les chansons d’amour d’Alex Beaupain à l’évocation de ce 1988, chroniques d’un adieu. Même traversée du spectre des affects jamais putassière. Même empathie irrésistible pour les actrices (clin d’œil, d’ailleurs, totalement assumé avec la présence de Clotilde Hesme). Même poésie riche en couches dramaturgiques. Maud Lübeck sait donner de la chair à ses gran