Suçoter des goyaves dans les eaux turquoise de Koh Pha Ngan, c’est bien, mais en ce mois d’août, la ville de Poitiers a elle aussi de quoi nous faire rêver : du 18 au 21 août s’y tiendront les universités d’été du fanzine. La Fanzinothèque et son fonds inestimable de plus de 50 000 publications faites main et archivées depuis 1989 invitent à quatre journées mâtinées de concerts et de tables rondes. L’une de ces dernières (vendredi à 15h15) reviendra sur l’impressionnante contribution de Gildas Cosperec au patrimoine mondial du DIY avec Dig It !, fanzine rock toulousain dont la mort en mars 2020 de son infatigable créateur est venue mettre un terme à près de vingt-sept ans d’existence – une longévité impressionnante pour une publication artisanale qui produisait à peu près trimestriellement un petit millier d’exemplaires et tournait sur une base de 500 abonnés.
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Conservés à la Fanzinothèque mais aussi intégralement consultables en ligne, les 76 numéros conçus par Cosperec et son épouse avec une bande de «branleurs impliqués et pas toujours dénués de bon sens» sont plus qu’une mine d’or, un véritable mausolée érigé à la culture garage au sens large : les chroniques y sont fiévreuses, on y reçoit en interview aussi bien des one hit wonders dont deux personnes ont peut-être entendu parler un jour en Virginie-Occidentale que des icônes telles les Trashmen, Jorma Kaukonen ou GG Allin (enfin plus exactement : un mec qui a connu GG Allin). En 2011, alors que tout le monde se fout des Limiñanas en France, Dig It ! consacre pas moins de huit pages pétaradantes au groupe qui revient de sa première tournée US. Au même moment, dans Rock & Folk, il y a trois lignes – et, précise le groupe, «ils se sont plantés dans le nom du label et le titre de la chanson».