Au prestigieux théâtre lyrique de la Fenice, à Venise, les musiciens sont en grève après la nomination de Beatrice Venezi au poste de directrice musicale (ou «directeur», comme elle préfère se définir), annoncée le 22 septembre. Proche du gouvernement de Giorgia Meloni, fille d’un ancien dirigeant du parti néofasciste Forza Nuova, elle avait déjà été vivement contestée en France lors de plusieurs productions. A l’Opéra de Limoges, où elle dirigeait la Sonnambula de Bellini au printemps 2023, des rassemblements s’étaient formés pour dénoncer les convictions politiques de la directrice. Un an plus tard, à l’opéra de Nice, pendant le concert du Nouvel An 2024, les slogans «Pas de facho à l’opéra» avaient fusé dans les rangs du public. En vain : dans les deux cas, les directeurs des institutions avaient protégé la cheffe d’orchestre, invoquant respectivement une clause contractuelle et la «libre expression artistique».
«Mais cette fois, c’est différent», explique à Libération le violoniste de la Fenice Eugenio Sacchetti. «La politique, ici, n’est qu’en arr