La découverte : abel31, confessions nocturnes
Depuis deux ans, son nom se cache (souvent) derrière les succès de la nouvelle scène alternative du rap français. Au fur et à mesure des sorties, abel31 est devenu un producteur incontournable des morceaux de l’avant-garde du rap francophone, parfois appelée «new wave» ou «next gen», et que l’on voit déconstruire à coups de mélanges sonores plus audacieux les uns que les autres les codes du genre. Un peu comme le faisait la scène rap alternative des années 2000, la génération d’abel31 s’amuse à incorporer des sonorités techno, pop, ou rock dans leurs compositions pour créer une autre musique : c’est tout le propos et l’ambition de la musique du producteur parisien, au service de nombreux artistes (Winnterzuko, Rounhaa, BabySolo33) et qui fait aujourd’hui figure de fer de lance de cette nouvelle génération.
A rebours des producteurs de rap qui restent dans l’ombre, abel31 exprime depuis un an sa singularité musicale au grand jour. D’abord avec un album en compagnie de nombreux rappeurs fin 2022 (200) et aujourd’hui avec un nouvel EP plus surprenant, puisque le Parisien donne lui-même de la voix en plus d’assurer les compositions musicales. Intitulé 4 h 16 et dévoilé à la même heure une nuit de novembre, ce nouveau format court laisse entendre six chansons technoïdes et atmosphériques noyées sous un ruissellement d’autotune rendant mélancolique le chant triste et robotique du producteur, qui se confie sur ses peines et ses doutes dans son rapport à la musique ou dans ses relations. Moins rap que ses sorties précédentes, 4 h 16 synthétise en une dizaine de minutes les introspections d’un compositeur pas comme les autres, entre amour du rap, expérimentations électroniques, et mélancolie nocturne, pour mieux transformer ses insomnies en art.
abel31 4 h 16 (NAVA)
La playlist
Gabriel Auguste Le & La feat. Hubert Lenoir
L’ancien membre du tourbillon Wall of Death se réinvente en chanteur pop sensible, briseur de frontière entre les genres. Un projet en forme de conte musical sociétal aux multiples invités dont le frétillant Québécois.
Zwei ! Zone Rouge
Attention culte. Deux échappés de groupes cold wave 70′s frenchy, Complot Bronswick et C.O.M.A. lancent ce duo décapant qui mélange metal synthétique et l’ampleur des basses. «Post» tout ce qu’on veut.
Lætitia Sadier Une autre attente
Toujours aussi suave, la voix française de Stereolab revient en février avec un nouvel album solo dont ce réjouissant premier extrait va plaire aux fans de l’étrange easy listening d’avant-garde du groupe anglais.
Bagarre On est les mêmes
Pionnier dans la catégorie «on fout le bordel à grands coups de techno trash eurodance», le collectif parisien s’est fait rattraper par la jeune génération. Ils reprennent une longueur d’avance avec cette tuerie apocalyptique.
Sonlife Piecebypiece
Entre Massive Attack, Bonobo et Mount Kimbie, le producteur anglo-turc joue avec des boucles répétitives et une instrumentation live et s’amuse à revisiter le trip-hop britannique. Poignant.