La découverte : Aghiad, peace & love
S’il est né et il a grandi à Paris, où il est même devenu docteur en sciences politiques, Aghiad Ghanem, dont le père et la mère sont syriens, a eu l’occasion d’aller de nombreuses fois à la source de ses origines. C’était avant qu’une guerre civile en 2011 n’embrase dramatiquement le pays puis par extension le monde entier. Elle est issue sans nul doute de cette tragédie, la mélancolie palpable qui s’échappe d’un projet qui porte son prénom, et qui accueille sur scène comme sur disque deux autres musiciens, Tom Hachez et Billy Sueiro. Un trio déjà couvert d’honneur cette année (lauréat Inouïs du Printemps de Bourges et prix Riffx du public) avant même la sortie de cet enthousiasmant EP Liman.
Quatre titres insolents, mais doux, aussi poétiques que politiques où le mélange est roi. Il est sonore avec des influences moyen-orientales venues de la pop libanaise, syrienne ou égyptienne des années 80, jouant à saute-mouton sur les deux importantes références communes aux trois compagnons : Alt-J et Radiohead. Mais ce grand mix existe aussi dans des textes chantés par Ghanem et souvent même «choralisés», en français (avec la participation de Vincent L’Anthoën), en turc et en arabe. Se déployant entre post-rock, electronica et chanson, l’univers sensible d’Aghiad ressemble à une quête intime vers un monde enfin apaisé qui tendrait vers l’harmonie. Reste maintenant à convaincre l’ensemble des forces en présence. Mais la puissance de la volonté musicale peut renverser des montagnes de haine. On y croit.
Aghiad Liman (Aghiad)
La playlist
L-Raphaele Lannadère Je t’attends
A la fois pop, chanson, électronique, la personnalité de cette chanteuse hantée en partie résumée en un seul titre. Il faut rajouter aussi une voix poignante et des textes mélancolico-poétiques qui nous aspirent. Juste beau.
Lemon Rose Your Eyes on Me
Ce quatuor bordelais emmené par Ben de TH da Freak nous téléporte dans le Londres 60′s pop, version Kinks, Pretty Things. Hors du temps musical. Et pourquoi pas ? Le créneau est moins encombré que, au hasard, le rap.
Andéol Bagarre
A 23 ans on peut écouter des artistes comme Nick Drake, Overmono, Bashung, Radiohead, Kanye West ou Nia Archives et réussir à condenser tout ça en un seul titre. Plus un gros pied techno. Chapeau.
Tiga & Hudson Mohawke In Order 2
Exactement ce qu’on attendait de leur collaboration : l’emphase de Tiga conjuguée aux beats fracasseurs de Hudson Mohawke, le tout emballé dans une sorte de montée faussement zen. Captivant mais bizarre.
Floating Points Birth4000
L’Anglais Floating Points oublie un temps ses expériences alambiquées pour attaquer frontalement le dancefloor. Œuvre d’un Giorgio Moroder moderne gavé à l’EPO, son titre discoïde retourne tout sur son passage.