La découverte: Akira et le Sabbat, le feu aux poudres
«Nous, enfants des années 2000, nous sommes réellement né·es sans aucun avenir possible […] Ne fermons pas les yeux : notre génération est celle qui va se prendre le mur bâti décennie après décennie par les générations précédentes. Le mur social, écologique, économique, politique». Il s’agit là d’un extrait du manifeste d’Akira et le Sabbat, document qui fait office de présentation du groupe à la place des habituels éléments hagiographiques. Il fait écho à des morceaux décapants, libertaires, féroces. Comme un théâtre d’insurrection, la dimension festive en plus. Et on reconnaîtra, sur scène, avoir pris un malin plaisir à se faire baffer sans préliminaires par la puissance insoumise de cette jeunesse-là.
En provenance de Chaumont – du moins pour quatre de ces six âmes du désordre – basé désormais à Lyon, Akira et le Sabbat tire son appellation du héros de l’animé Devilman Crybaby sur Netflix et de la réunion rituelle des sorcières. Queer, politisé, générationnel, rage musicale hybride dans le sillage d’un Fauve en accouplement avec ascendant vierge. Des mots débités en tranches de power-punk égratigné. Qui tapent dans l’estomac et les genoux de la Manif pour tous (KLNX) ou glorifient le plaisir sexuel dans toutes ses combinaisons possibles. Cœurs chagrins au rythme d’une synthwave angulaire (Vices), s’anesthésiant dans l’ivresse des clubs underground et des paradis artificiels. Le collectif danse sur des ruines et ravive une conscience de résistance. Cette Poudrière est pleine à craquer. Même pas besoin d’étincelle pour une déflagration à venir.
Akira et le Sabbat Poudrière Horizon Musiques (EP, sortie le 23 avril). Sélection des Inouïs du Printemps de Bourges 2024.
La playlist
Hervé Sémaphore
Chanteur volontiers exalté sur fond électro, la révélation masculine 2021 signe un retour surprise à la guitare acoustique avec une jolie ballade mélancolique, plus proche de Francis Cabrel que des Chemical Brothers. Validé.
Peter Peter Lisbonne
Une splendide ode électronique à la capitale portugaise, mais pas que, extrait du somptueux cinquième album de ce chanteur québécois, lointain héritier de Christophe et Stephan Eicher. On sent le talent.
Since Charles les Posters
Les générations passent, qu’importe TikTok, la pratique demeure. L’accroche de posters dans sa chambre d’ado. Le chanteur-producteur marseillais s’en inspire pour une prenante chanson électronique. Ça sent le vécu.
Edoardo Florio di Grazia Fratellacci
Tout le charme de la pop italienne, à la fois sophistiquée et sirupeuse, par un jeune chanteur de Naples vivant à Paris. Préparez des Spritz et sortez le gelato al limone, cette chanson donne envie qu’arrive l’été.
Sam Apkro Disposition
Ça démarre tonitruant comme un single des Chemical Brothers et puis ça dérive en post-punk avec un groove néo soul bien tordu. Les collages de ce gamin de Bristol sont puissamment ingénieux. On aime.