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Meilleur dans l’ensemble que Mind Games de Lennon, mis en coffret lui aussi plus tôt dans l’année pour célébrer un cinquantenaire en retard (les deux sont sortis en 1973), ce deuxième album solo de George Harrison – si on excepte ses bidouillages électroniques des années 60 – mérite amplement la revoyure. A l’époque, le troisième Beatle dans l’ordre protocolaire a du mal à profiter pleinement de sa liberté. Tracassé judiciairement par les procès avec ses ex et celui pour plagiat de son hit My Sweet Lord, Sweet George vit aussi de plus en plus mal sa position de nanti occidental dans un monde «matérialiste» qui découvre la famine des pays émergents. Les concerts qu’il a donnés en faveur du Bangladesh comme l’activisme qu’il a déployé autour ne sont qu’un grain de sable dans le désert, et la plupart de ses contemporains s’en balancent comme de leur premier million. Les chansons qu’il compose durant cette période possèdent donc, en plus de la nonchalance naturelle de son écriture, une épaisse couche de lassitude mélancolique qui n’en opacifie pourtant pas l’éclat.
Plus simple et modeste que All Things Must Pass, Living in the Material World est produit par Harrison lui-même, avec un petit noyau de musiciens (Ringo Starr et Jim Keltner en double batterie, les claviers de Nicky Hopkins en état de grâce), tandis qu’il en assure toutes les guitares. Malgré le succès en single de Give Me Love (Give Me Peace on Earth), l’album ne fait pas partie de ceux que l’on retient pour la postérité. Cette réédition augmentée est donc idéale pour lui offrir une seconde chance. D’abord grâce à un nouveau mix, réalisé par Paul Hicks, qui rend enfin justice aux orchestrations, de cordes notamment sur Who Can See It ou Try Some, Buy Some, autant de titres injustement oubliés, ainsi qu’à la production façon Muscle Shoals de la chanson titre, avec son imparable détour par les sitars indiens au milieu. L’intérêt est encore soutenu sur les bonus, avec une douzaine de versions alternatives, notamment des guitares et voix qui témoignent de ce qu’Harrison doit à Dylan – et pas seulement le gimmick de piano Give Me Love pompé sur I Want You.