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Subversion

Alizade, rappeuse du Caucase qui bouscule le rap turc

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Inspirée par Cardi B, l’artiste azerbaïdjanaise s’est en quelques années érigée en icône féminine du rap turc. Au point de s’attirer des ennuis avec la justice et de se faire expulser.
La rappeuse azerbaïdjanaise Alizade. (oktay Jaffer)
par Killian Cogan, correspondant à Istanbul
publié le 18 mars 2025 à 6h52

«Je me torche le cul avec de l’argent tellement je suis riche. […] Je fais cuire les hommes dans une casserole. J’ai oublié ma chasteté au quartier. Tu me traites de pute, que t’est-il arrivé ?» Ainsi va le refrain de la rappeuse azerbaïdjanaise Alizade, dans son dernier single Kahpe («pute», en turc), réalisé en collaboration avec le rappeur turc à succès Lvbel C5. Dans le clip, on peut la voir twerker en tenue affriolante. De quoi susciter la controverse et l’ouverture par les autorités turques d’une enquête judiciaire pour «obscénité». Rarement la scène musicale turque n’avait connu une telle incorrection.

A 24 ans, Asya Alizade bouscule les codes du rap en Turquie. Bien qu’originaire de l’exclave azerbaïdjanaise du Nakhitchevan, territoire coincé entre la Turquie et l’Arménie, elle s’est installée à Moscou à l’âge de onze ans, et y a étudié dans une école de musique avant de se lancer dans le rap aux côtés de rappeurs russes et géorgiens. Et de se faire connaître en 2019 grâce à un titre produit avec le rappeur moscovite Big Baby Tape.

En août 2021, Alizade, de son nom de scène, signe un contrat avec le label américain The Orchard, une filiale de Sony Music Entertainment. Mais, quelques mois plus tard, la Russie envahit l’Ukraine et, à l’instar d’autres multinationales occidentales, Sony suspend ses opérations russes. Désœuvrée, la rappeuse songe un temps à se réinstaller sur sa terre d’origine, l’Azerbaïdjan. Mais attirée par la scène rap locale, en pleine é