C’était un dimanche à Bamako, le 8 avril 2007, jour d’anniversaire de Kadiatou, la fille d’Amadou et Mariam. Autour de minuit, il avait sorti la guitare dorée et fait sonner ses accents électriques dans la vaste cour qui faisait office de salle de réception. A ses côtés deux vétérans de ses vertes années, Jimmy, son fidèle bassiste, aveugle comme lui, et Cheick Tidiane-Seck, un ami du temps où ils jouaient tous dans les grands orchestres de Bamako… Ambiance simple mais funky, les Rhythm’n’Blues Fathers accueilleront Mariam venue poser quelques lyrics en soul sister, dans ce show à l’ancienne, façon Stax, jusqu’à pas d’heure. «Malgré leurs différences formelles, notre blues et le blues américain, ce sont les mêmes préoccupations, la même façon d’exprimer les douleurs, les sensations…», nous avait glissé Amadou Bagayoko entre deux notes. De quoi l’interroger le lendemain sur la possibilité qu’il enregistre une guitare solo, plus dépouillé qu’à l’habitude. «J’y songe…» Nous, on en rêvait.
Car voilà : Amadou Bagayoko, qui vient de mourir, était un terrible guitariste comme seules les pistes du Sahel en ont vu naître. Lui avait grandi à Bamako, où il était né le 24 octobre 1954, touchant à tout type d’instruments avant de se poser sur la guitare. L’adolescent, qui perd la vue à cause d’une cataracte congénitale, allait développer un toucher singulier, biberonné de Jimi Hendrix et de Jimmy Page, entre autres. Tout juste majeur, il entre en 1975 à l’Insti