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Libération
Manifeste

Amaro Freitas, jazz sous confluence

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Le pianiste brésilien, qui se produira début avril pour deux dates en France, sort un nouvel album, «Y’Y», en forme de célébration de la nature amazonienne. Le Londonien Shabaka Hutchings l’y accompagne à la flûte.
Y’Y est le quatrième album du musicien de 32 ans. (Jão Vicente)
publié le 24 mars 2024 à 16h52

C’est au cœur de l’Amazonie que tout a commencé voici cinq ans. Plus précisément à quelques kilomètres de Manaus, lorsque se produit un phénomène naturel, la rencontre des eaux : celles sombres et silencieuses du rio Negro et celles ocres et plus tourmentées du rio Solimões se mélangent progressivement pour ne plus former qu’un long fleuve, l’Amazone. A la vue de ce spectacle, Amaro Freitas eut la conviction que son prochain disque serait un hommage à ce vaste territoire qu’on nomme le poumon de la planète, jalonné de multiples cours d’eau, sans parler des «rivières volantes», ces masses de vapeur d’eau qui le traversent. «J’ai donc choisi le titre Y’Y, un mot qui chez les Sateré-mawé signifie “eau” ou “rivière”. Il s’agit d’honorer ces peuples autochtones, et à travers eux notre mère nature qui subit une exploitation effrénée de la part de l’Etat brésilien, causant d’irréparables dommages.»

Emblématique de cette démarche, la composition qui donne son titre à cet album enregistré entre Recife et Milan associe le Brésilien au Londonien Shabaka Hutchings, en un sublime duo piano-flûte qui symbolise ladite rencontre des eaux. «J’ai voulu que tous les titres soient connectés dans un même mouvement à la nature. Même s’ils sont séquencés, ils ont été pensés d’un seul tenant. Du début à la fin, il s’est agi de créer un univers sonore qui s’inspire du fleuve et de la forêt.» L’introduction, Mapinguari, en référence à un légendaire animal préhistorique, place l’am