Il y a quelques mois, plusieurs de ses propriétés étaient perquisitionnées, le voilà désormais inculpé. Après son arrestation tard lundi 16 septembre, le rappeur américain Sean «Diddy» Combs a été inculpé, mardi, pour trafic sexuel et extorsion, a annoncé le parquet fédéral de Manhattan, après le dépôt de plusieurs plaintes contre lui notamment pour agression sexuelle. «Pendant des décennies», Sean Combs, alias «Puff Daddy», «a abusé, menacé et contraint des femmes et d’autres autour de lui à satisfaire ses désirs sexuels, protéger sa réputation et cacher ses actes» selon l’acte d’inculpation. En arrivant au tribunal, son avocat Marc Agnifilo a annoncé que son client plaiderait non-coupable des chefs de trafic à des fins d’exploitation sexuelle, extorsions et transport de personnes aux fins de prostitution.
Selo, les procureurs, le rappeur aurait mis en place tout un système, pour «créer une entreprise criminelle dont les membres se sont livrés […] au trafic à des fins d’exploitation sexuelle, au travail forcé, à l’enlèvement, à la corruption et à faire obstruction à la justice». Il se serait notamment «appuyé sur les employés, les ressources et l’influence de l’empire commercial multifacettes qu’il dirigeait et contrôlait.»
L’avocat de P.Diddy, Marc Agnifilo, a expliqué dans un communiqué que son client se trouvait «volontairement» dans la ville, où il a déménagé. Son camp est «déçu de la décision du bureau du procureur des Etats-Unis de continuer ce que nous estimons être des poursuites injustes à l’encontre de M. Combs», a ajouté Me Agnifilo. Le natif de New York «coopère à l’enquête» et «est impatient de pouvoir laver son nom au tribunal», selon ses conseils.
«Comportement violent» et «déviant»
P.Diddy, 54 ans, artiste aux multiples surnoms et aux multiples casquettes dans le monde de la musique et des affaires, est décrit par ses accusatrices comme un prédateur sexuel violent, qui utilisait alcool et drogues pour obtenir leur soumission. Le rappeur est visé depuis début juillet par une plainte d’une ancienne actrice de films pornographiques, Adria English. Elle accuse Sean Combs de s’être servi d’elle «comme d’un pion sexuel pour le plaisir et le bénéfice financier d’autres personnes» lors de soirées dans les Hamptons, dans l’Etat de New York et en Floride, entre 2004 et 2009. Au total, neuf plaintes ont été déposées contre le rappeur depuis novembre 2023.
Décryptage
Dans l’une d’elles, déposée en novembre, son ancienne compagne, la chanteuse, «Cassie» Ventura, l’accuse d’avoir eu un «comportement violent» et «déviant» durant une décennie. Dans une vidéo publiée en mai datant de 2016, P.Diddy se déchaîne contre elle. On y voit le rappeur, portant simplement une serviette autour de la taille, la rattraper dans un couloir d’hôtel, l’attraper brutalement et la projeter violemment au sol, avant de lui asséner plusieurs coups de pied. «Mon comportement sur cette vidéo est inexcusable», avait déclaré le milliardaire dans une vidéo sur son compte Instagram. L’affaire a été réglée «à l’amiable» selon un accord confidentiel.
Redorer son blason
Sean Combs a fait l’objet d’allégations de violences dès les années 90, bien qu’aucune condamnation majeure n’ait jamais été prononcée contre lui. Sous les sobriquets Puff Daddy, P.Diddy, Diddy et bien d’autres, il s’est imposé comme une figure du hip-hop venue de la côte Est, au micro ou à la production. Il a fondé le label Bad Boy Records en 1993, prélude à son ascension jusqu’au sommet. Il a notamment produit feu Notorious B.I.G., mort en 1997, et Mary J. Blige. Son album No Way Out a reçu le grammy du meilleur album de rap en 1998.
Celui qui s’efforçait de redorer son blason ces dernières années avec un énième surnom, «Brother Love», a amassé une fortune considérable en plus de trois décennies dans le milieu de la musique avec une image bling-bling, exhibant diamants, yachts et costumes sur mesure. En se lançant dans l’industrie de l’alcool, il s’est diversifié, cultivant une image de magnat des affaires et de roi de la nuit, lui qui a justement débuté dans l’organisation de fêtes.