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Libération
«Batida»

Au festival Rio Loco 2023, DJ Danifox à la folie

Le DJ portugais, du label Príncipe, sera au festival toulousain de musique actuelle et du monde mercredi 14 juin pour présenter son superbe premier album.
DJ Danifox. (DR)
publié le 13 juin 2023 à 5h51

On appelle ça la «batida» – littéralement beat, le bruit d’une porte qui claque, la chamade d’un cœur stressé par un raid de police. Mot que se sont choisis au début des années 2010 une poignée de jeunes artistes afro-portugais, musiciens, DJ, graphistes, activistes de la noite pour leur musique en surchauffe créative, et qui se trouve désigner la musique qui sort, exclusivement, sur le label Príncipe, son du Lisbonne le plus réalistement contemporain, loin des caves à fado et des shops franchisés de la rua Augusta. Electronique, hybridée, cosmopolite – si le mot peut encore faire valoir ce qu’il revêt de politique et de radicalité –, la batida, apprivoisement cybernétique des ritmos des anciennes colonies portugaises, funana cap verdien, tarraxo, kizomba et kuduro angolais, est portée par une furieuse envie d’indépendance culturelle – pas par hasard si le tout premier maxi sorti sur le label en 2011, signé Marlon Silva alias DJ Marfox, s’intitule Eu Sei Quem Sou («je sais qui je suis»).

Indépendant, Daniel Veiga, enfant de parents angolais qui envisagea un temps une carrière de footballeur, l’est même de ses comparses de label. On peut faire, par facilité, porter le chapeau à ses années passées à Leeds, dans le nord de l’Angleterre, mais la musique qu’il produit sous le nom de Danifox, quand bien même il l’érige autour des mêmes rythmes et tessitures de percussions que les Nídia, Lycos et autre RS Produções, est d’une essence autre, mélancolique et décalée. C’est particulièrement le cas sur Ansiedade (anxiété), son superbe premier album, dont les rythmes lourds et lents bordent jusqu’à la trap d’Atlanta (Ngapa), la deep-house d’esthète (Ritual) voire le néo acid jazz urbain qui chauffe les clubs londoniens (superbe Gentleman, comme une salsa «chopped and screwed» à Houston).

Au four et au micro, Danifox chante, rappe, psalmodie, incarne sa musique et les racines qui y gigotent et pivotent : une musique afro-descendante jusqu’au bout des atomes, sans cliché, hyper créative mais tout le temps évidente. Son DJ set à Rio Loco est un immanquable du festival toulousain, particulièrement connecté aux nouveaux courants électroniques cette année, puisque outre Narciso, moitié française de RS Produções et autre représentant de Príncipe, on pourra y voir la Brésilienne King Kami, chanteresse du brega funk brésilien, l’Ivoirienne Asna ou le virtuose tanzanien Travella, petite vingtaine et inventeur de feu de la scène électronique de Dar es-Salaam.

DJ Danifox, mercredi 14 juin à 20 h 30 au Festival Rio Loco à Toulouse (du 14 au 18 juin).