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Avec «Blues Blood», le saxophoniste Immanuel Wilkins affranchit un cap

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En concert mardi 3 septembre à Jazz de La Villette, le saxophoniste prodige new-yorkais sort en octobre un troisième album qui convoque l’héritage du blues afro-américain.

Le saxophoniste altiste Immanuel Wilkins, 27 ans. (Joshua Woods)
Publié le 01/09/2024 à 15h52

Pas moins de trois voix seront mises en scène autour du quartet d’Immanuel Wilkins, qui débarque à Paris en prélude de son troisième album sur Blue Note à paraître le 11 octobre. Intitulé Blues Blood en référence aux mots dits par Daniel Hamm, un des Harlem Six passés à tabac en 1964 par des gardiens de prison dans l’attente de leur inique procès, et produit par Meshell Ndegeocello dont on sait les engagements en la matière, ce disque aux allures d’oratorio postmoderne remet en jeu la question axiale du peuple blues, à l’aune de la propre expérience du natif d’Upper Darby, non loin de Philadelphie. Si ses deux précédents recueils le positionnaient en héritier du styliste Kenny Garrett – on a vu pire référence –, le saxophoniste y module un discours bien plus original, qui n’est pas sans faire écho au récent Nublues du vibraphoniste Joel Ross, dont il est l’un des fidèles complices.

A l’origine de cette mutation, il y a la rencontre avec Theaster Gates, plasticien reconnu et directeur de la Rebuild Foundation qui réinvestit le South Side de sa ville natale, Chicago, avec pour ambition de redonner une fierté à sa communauté en la reconnectant à son héritage culturel, mais aussi en l’initiant à un art plus contemporain. Immanuel Wilkins s’est ainsi inspiré de son groupe, les Black Monks, qui réunit des chantres gospel ancrés dans le Sud profond avec des musiciens de l’avant-garde de Chicago, à l’instar de