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Sound-design

Avec David Lynch, le cinéma en chair et en son

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Tout autant que les images, le sound-design auquel le cinéaste portait un soin maniaque a participé à rendre ses œuvres inoubliables.
«Eraserhead» de David Lynch (1980). (American Film Institute. Libra Films /Coll. Christophe L. AFP)
publié le 17 janvier 2025 à 17h21

1996, Endtroducing, premier album de DJ Shadow, prototype stupéfiant de concept album opératique conçu à partir d’échantillons de sons extraits d’autres disques. Toute fin de la face D, en queue de comète de What Does Your Soul Look Like, Part 1, une surprise titrée Transmission 3 : voici que surgit le Géant de Twin Peaks, venu détrôner Julee Cruise sur la scène du Roadhouse pour alerter que Leland Palmer va frapper à nouveau : «It is happening again.» La voix de Carel Struycken est reconnaissable entre mille mais ce qui nous met la puce à l’oreille est le vrombissement qui sourd en fond, qui ressurgit dans la mémoire traumatique et recouvre la nappe déjà inquiétante comme une ombre venue étouffer les derniers rayons de lumière : le son de Twin Peaks, tout autour de la musique ineffaçable de Badalamenti, a participé à égalité avec les images, et plus puissamment que dans n’importe quel autre film ou série, à rendre son empreinte indélébile.

Axiome valable devant le petit écran, et plus encore face à ses films. 1975 : David Lynch, encore étudiant à l’American Film Institute de Los Angeles, sollicite l’assistance d’Alan Splet, à la tête du département son de l’école, et qui l’a déjà aidé à réaliser les effets sonores de son court métrage The Grandmother, pour réaliser la bande-son d’Eraserhead. Le montage est presque terminé et Lynch propose à Splet de s’installer dans un garage attenant au studio pour enregistrer avec lui