Vendredi, Taylor Swift a sorti Fearless (Taylor’s Version), son troisième album en moins d’un an. Or, celui-ci n’est pas précisément une nouveauté, puisqu’il s’agit de la version réenregistrée de son deuxième album, Fearless, sorti à l’origine en 2008, alors que la chanteuse n’avait pas encore 19 ans. Un remake bluffant, ressemblant à l’original au tempo près, seulement adapté aux standards soniques de l’époque et signalant ses différences infimes via le mûrissement de la voix de l’Américaine, sensiblement plus ample et plus aguerrie encore techniquement.
La mise en œuvre est d’abord motivée par des raisons juridiques. Suite à l’acquisition en 2019 du label Big Machine par l’entrepreneur Scooter Braun, manager de stars (Justin Bieber, Ariana Grande...) également à la tête de la holding Ithaca, Swift avait en effet été dépossédée des droits d’exploitation des enregistrements (masters, ou bandes-mère en droit français) de ses six premiers albums. Elle avait tenté, en vain, de les racheter à son ancien label pendant des années. Les réenregistrer, après avoir largement médiatisé le bras de fer puis sa spoliation par Ithaca, lui permet de corriger une injustice morale et surtout de combler un manque à gagner considérable, à l’ère du streaming, d’autant plus si elle arrive à faire remplacer – dans les usages de ses fans, les «swifties», à peu près tous connectés à Spotify et cie – les anciennes versions par les nouvelles (plus longues donc plus fructueuses enco