Menu
Libération
Poursuites

Aya Nakamura : le parquet ouvre une enquête après des publications racistes contre la chanteuse

Depuis que la chanteuse franco-malienne a été pressentie pour chanter des chansons d’Édith Piaf à la cérémonie d’ouverture des JO de Paris, elle est l’objet d’attaques racistes. Le parquet de Paris a ouvert ce vendredi une enquête.
Aya Nakamura en concert en 2021. (Bertrand Guay /AFP)
publié le 15 mars 2024 à 16h19

Une enquête a été ouverte après un signalement de la Licra dénonçant des publications à caractère raciste visant la chanteuse franco-malienne Aya Nakamura, qui pourrait chanter lors de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris, a indiqué vendredi le parquet. La chanteuse de 28 ans, sacrée artiste féminine aux Victoires de la musique cette année, est stigmatisée par l’extrême droite et fait l’objet de nombreuses attaques racistes depuis l’annonce, fin février par l’hebdomadaire L’Express, de sa possible participation à la soirée du 26 juillet de lancement des Jeux olympiques, au cours de laquelle elle pourrait interpréter des chansons d’Édith Piaf. Cette participation éventuelle n’a été officialisée à ce jour ni par la chanteuse, ni par les organisateurs des Jeux, ni par l’Elysée.

L’enquête, ouverte après la réception le 13 mars du signalement de la Licra «dénonçant des publications à caractère raciste au préjudice d’Aya Nakamura», a été confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH). SOS Racisme a annoncé ce vendredi dans un communiqué saisir à son tour la justice, dénonçant des «vagues de haine raciste contre Aya Nakamura.»

«Ici, c’est Paris, pas le marché de Bamako»

Les attaques contre l’artiste ont été nombreuses. Le 9 mars, le collectif d’extrême droite «les Natifs» a déployé en bord de Seine à Paris, une banderole raciste sur laquelle il était écrit : «Y’a pas moyen Aya, ici c’est Paris, pas le marché de Bamako». Aya Nakamura avait réagi à cette banderole dans un post sur ses réseaux sociaux : «Vous pouvez être raciste mais pas sourd… C’est sa qui vous fait mal ! Je deviens un sujet d’état numéro 1 en débats ect mais je vous dois quoi en vrai ? Kedal» (sic). «Le but de cette banderole était d’affirmer qu’Aya Nakamura – pourtant artiste française – n’avait aucune légitimité à représenter la France, l’artiste étant renvoyée à des origines maliennes manifestement disqualifiantes aux yeux de l’extrême droite», a dénoncé SOS racisme.

Dimanche 10 mars, lors de son meeting, Eric Zemmour, déjà condamné pour «provocation à la haine raciale», avait sauté à pieds joints dans la surenchère d’idées mortifères. Notre journaliste Nicolas Massol a rapporté ses propos délirants : «Les futurs bébés n’ont pas de culture, ils ne savent rien, mais ils détectent la beauté, ils aiment cette beauté […] ils ne votent pas pour le rap, ni pour la lambada, ni pour Aya Nakamura : ils votent Mozart à 91 % !» L’étape franchie dans l’injure publique et dans l’humiliation vient rappeler à quel point l’artiste que le monde entier nous envie est le catalyseur de toutes les abjections

Face aux attaques répétées visant la chanteuse francophone la plus écoutée dans le monde depuis son titre «Djadja», la ministre de la Culture, Rachida Dati, a mis en garde mardi 12 mars contre les «prétextes pour s’attaquer à quelqu’un par pur racisme». «S’attaquer à une artiste pour ce qu’elle est, est inacceptable, c’est un délit», a-t-elle insisté. Aya Nakamura, un des poids lourds du RnB en France, a sorti l’an passé son 4e disque «DNK».