Pendant que le gros de l’humanité est massé devant Jamie XX à Rock en Seine et filme des écrans géants où se succèdent des images de caméras braquées sur le public qui a ainsi une preuve juridiquement recevable qu’il est bien en train de vivre ce moment, nous sommes comme à notre habitude dans un département majoritairement rural en train de nous extasier sur un sexagénaire chauve qui souffle dans son violon. Bienvenue à Ambialet, petite commune de 470 habitants où s’achève doucement une édition enthousiasmante du festival Baignade sauvage, né il y a treize ans dans une piscine abandonnée au bord du Tarn.
Jacuzzi circulaire
Pendant quatre jours, toutes sortes de musiques étranges se sont succédé dans des lieux conçus pour de tout autres usages : un débarcadère, un boulodrome, un prieuré, une centrale hydroélectrique, un tunnel abandonné… Démarrage en douceur le jeudi soir avec des guitaristes solos : l’une, Gwenifer Raymond, en cascades de fingerpicking, l’autre, Thibault Florent, qui fait de sa guitare douze cordes un gamelan surnaturel. Les jours suivants sont rythmés par des propositions musicales riches en impro qui viennent cueillir l’auditeur plutôt en douceur et se permettent de demander une écoute plus active – réinterprétation bouleversante de Hildegard von Bingen par Andriana-Yaroslava Saienko et Heinali, extase dada avec Jean-François Vrod et Frédéric Le Junter réunis sous le nom de Plastron Kapok – tandis que les soirées vous rentrent dedans sans ménagement, pour le meilleur et le p