Vingt et une cordes, dix doigts : mélodiquement, rythmiquement et harmoniquement, la kora – dont les griots accompagnent leurs contes dans la tradition mandingue – autorise des variations infinies. Pour le velouté du son, l’éventail des notes, la douceur des pincements et la vélocité des glissandos, elle stimule les tympans comme peu d’autres instruments, encore plus sûrement dans les mains de Ballaké Sissoko.
La harpe-luth est le cœur battant de l’album Djourou, la «corde» en bambara : celle de la kora et celle du lien, entre le Malien et des invités dont l’énumération (Camille, Salif Keita, Piers Faccini, Oxmo Puccino, Sona Jobarteh, Feu! Chatterton, Vincent Segal et Patrick Messina) sonne comme une playlist de France Inter. Aucun opportunisme cependant. D’abord, parce que ce n’est le genre ni de Ballaké Sissoko ni de son label, Nø Format!, irréprochable depuis une quinzaine d’années. Ensuite, parce que la plupart sont des collaborateurs anciens du koraïste. La fluidité des dialogues ne ment pas, y compris avec les langages de Camille («J’étais partie loin de mon corps /Tu m’y as ramenée /Kora») et Oxmo Puccino («Frotter les mains, frotter les mains /Ne serait-ce que pour se réchauffer /Frotter les mains, frotter les mains /Peut-être pour nous rapprocher»). La dernière conversation est moins coulante, pas moins intéressante, avec la poésie gainsbourgienne d’Arthur Teboul, chanteur de Feu! Chatterton.
On connaît les grâces dont sont capables les autres mu