Levé à Tourcoing à 4 h 30 du matin. Départ à 5 heures. Direction la gare de Lille pour Paris. Arrivée dans la capitale à 7 heures. Filer gare de l’Est. Prendre le 8 h 12 pour Metz. Arrivée à 9 h 44. BEN plg (BEN «pour la gloire») pourrait faire ce trajet les yeux fermés. Il a passé des années à le parcourir pour se rendre de son domicile nordiste au studio lorrain de son producteur fétiche, Martin Murer. Si le levé est aujourd’hui moins matinal, le charbon bien moins vain, il explore encore la même routine, régulièrement. Cette fois, il a trouvé le temps de s’arrêter en gare quelques heures pour raconter son parcours. Il est bien là, en avance, posé à la terrasse d’un rade de transit, tout grand gaillard un brin poupin qu’il est. Content d’être là. Heureux d’être enfin parvenu à faire parler de lui après dix années de rap bien sonnées. «J’ai acheté une télé à 200 balles la semaine dernière, c’est la première fois que je fais ça, confie-t-il. Truc de fou ! Rien que le fait de me dire que je vais acheter une télé, c’est le signe que ma vie a changé.» La moindre question est une porte entrouverte qu’il enfonce sans réfléchir et sans forcer, posément, laissant parfois exploser un rire tonitruant. Il a l’exclamation facile et rembobine tout : une histoire d’ex, le divorce de ses parents, ses différents apparts… Avec l’intensité de l’adolescent qui raconterait un film d’action à ses potes.
Banquette de bar sur fond de lasure
A 31 ans, il est devenu l’un des dignes représentants de la scène rap du Nord,