La tournée du triomphal Grand Prix n’est pas encore achevée que Benjamin Biolay accélère encore, brûlant l’asphalte comme si le temps était compté. A bientôt 50 ans, celui qui ne voit «pas plus de cinq autres albums» à l’horizon en publie un dixième, Saint-Clair, généreux dans la forme (17 plages, une majorité très enlevée, d’inspiration indie rauque, quelques ballades crève-cœur, un duo disco-Blondie avec Santa-Clara Luciani) et suffisamment ardent sur le fond pour que son auréole chèrement acquise d’auteur-compositeur-interprète majeur ne pâlisse déjà. Des paddocks aux sacristies, des soupapes au pape, l’imagerie pieuse un peu folklo-kitsch qui succède à celle des circuits n’est ici qu’une façade, juste effleurée entre les lignes. Il est toutefois question d’une (sainte) trinité transgression-contrition-rédemption, à travers des textes sans filtre ni effet de séduction, arrachés comme des lambeaux charnels, et dont la fibre autofictionnelle dresse un portrait dépoli et blême de leur auteur. Chez Biolay, la musique et les mots sont devenus avec le temps un corps unifié, moins délié et souple qu’auparavant, mais qui alpague comme rarement la chanson rock d’ici sait le faire. Certes, la formule se répète un peu, mais c’est une formule 1. Rencontre avec un garçon plus serein et apaisé que ses chansons
Interview
Benjamin Biolay: «J’en ai plein de cul de la musique digitale»
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Benjamin Biolay à Paris, le 29 août. (Rémy Artiges/Libération)
par Christophe Conte
publié le 8 septembre 2022 à 18h04
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