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Rencontre

Bill Frisell : «Une bonne chanson, vous n’en êtes jamais fatigué»

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Après s’être beaucoup illustré dans des contextes intimistes, le guitariste américain s’est associé avec le Brussels Philharmonic et l’Umbria Jazz Orchestra pour «Orchestras», un double album mené tout en souplesse et sans tuer les volontés d’improvisation.
A la tête de son trio, le guitariste s’est associé au Brussels Philharmonic, puis à l’Umbria Jazz Orchestra. (Matthew Septimus)
publié le 7 mai 2024 à 7h42

La dernière fois qu’on lui avait parlé, c’était en janvier 2011 à l’occasion de formidables Lágrimas Mexicanas avec Vinícius Cantuária. Que s’est-il passé depuis ? «Beaucoup de choses, dans ma vie et dans le monde. Je ne sais pas trop par quoi commencer», sourit Bill Frisell, installé à son bureau du côté de Seattle. Reprenons donc par l’ultime phrase qu’il nous avait dite, dans un bar face au New Morning (Paris, Xe) où il allait se produire quelques heures plus tard avec son compère brésilien. «La mélodie est quelque chose de plus en plus important chez moi. Quand vous écoutez Monk, cela vous saute aux oreilles : le pouvoir de l’émotion suscitée par une chanson.»

Treize ans plus tard, cette sentence pourrait être la clé d’écoute de son nouvel album, double, simplement titré Orchestras. A la tête de son trio, le guitariste, qui s’est souvent illustré dans des contextes intimistes, s’y voit associé au Brussels Philharmonic, mené tout en souplesse par Alexander Hanson, puis à l’Umbria Jazz Orchestra, un onztet sous la direction de Manuele Morbidini. De quoi intégrer le club des jazzmen ayant réalisé le fantasme des cordes déployées à leurs côtés, avec plus ou moins de bonheur. C’est dans la première catégorie que l’on rangera cet album, dont les arrangements devraient rappeler d’heureux souvenirs aux fans du Cityscape de Michael Brecker enluminé par Claus Ogerman, voire les multiples nuances de l’orfèvre Gil Evans. Sur un fil ténu, Bill Frisel