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Pop

Bill Ryder-Jones, par ici la lumière

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Avec «Iechyd Da», cinquième album aux compositions étincelantes, l’Anglais rescapé de The Coral semble enterrer son trop-plein de spleen pour trouver un élan du côté de la légèreté.
Bill Ryder-Jones, toujours émotionnellement sur la brèche mais conquérant. (Marieke Macklon)
publié le 23 janvier 2024 à 4h32

C’était l’apogée de MySpace, à la tombée des années 2000, quand n’importe quel solitaire au cœur ébréché larguait son trop-plein de chansons tremblées dans les grands vents du numérique musical encore amateur. Bill Ryder-Jones avait grandi trop vite au sein d’un groupe emballant, The Coral, fondé à l’âge de 13 ans avec d’autres garçons plus robustes du Merseyside, et dont il s’était exfiltré au bout de cinq albums, en proie à des crises de panique incompatibles avec le rythme des tournées et leurs ardeurs masculinistes. Sur MySpace, le fragile guitariste reprenait à zéro ses tablatures pour disperser sans but des instrumentaux voués à lui occuper l’esprit, ainsi que quelques chansons renfrognées et peu compétitives.

Et sans l’obstination de Laurence Bell, le patron du label Domino, la silhouette coiffée d’un amas de boucles du garçon hors service aurait probablement fondu au noir dans l’oubli. Car Bill Ryder-Jones, qui publie seulement son cinquième (et meilleur) album en quinze ans, vit douloureusement à proximité d’un fantôme, celui de son frère aîné, mort à l’âge de 9 ans après avoir chuté d’une falaise quand la famille était en vacances au pays de Galles. Bill a baptisé de son prénom, Daniel, une chanson de l’album West Kirby County Primary en 2015, quand trois ans plus tard la photo du gamin hi