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Libération
L’ouïe aux abris

Bouchons d’oreille, Ears... Les musiciens et la douloureuse question des protections auditives

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Alors que des normes récentes encadrent le volume sonore des concerts pour protéger les oreilles du public, de plus en plus de musiciens s’équipent de dispositifs pour s’épargner des troubles auditifs handicapants.
Collage sur les protections sonores pour les musiciens. (Anne Horel/Libération)
par Maxime Jammet
publié le 5 janvier 2024 à 18h45

Longtemps, les dégâts infligés à l’oreille des musiciens étaient considérés comme une fatalité, un simple risque du métier. Les plus chanceux y échappaient, les autres s’en accommodaient et on ne compte plus les cas célèbres ayant souffert de surdité précoce, comme Eric Clapton, Phil Collins ou Pete Townshend, ou encore d’acouphènes handicapants comme Bob Dylan, Sting ou Chris Martin. Aucun d’eux ne songeait à se protéger, de même que les 60 % de musiciens qui souffriraient de maux comparables, selon une évaluation de Hear (Hearing Education and Awareness for Rockers), une fondation américaine qui, depuis 1998, sensibilise musiciens et public à ce problème. Plus près de nous, les troubles auditifs dont souffrent Angèle et beaucoup d’autres viennent rappeler que le chemin à parcourir est encore long.

L’idée même de s’équiper d’un dispositif préventif durant un concert n’est apparue que vers la fin du vingtième siècle, dans la sphère de la musique classique, comme le raconte Julien Hulard, ingénieur du son spécialiste du live : «Dans les années 90 voire avant, les violons au dernier pupitre, près des cuivres et des percussions, en mettaient déjà.» Au chapitre des musiques actuelles, ce sont les percussionnistes qui, soumis en permanence à un volume plus élevé que les autres musiciens, ont été les premiers à prendre conscience du problème, comme le souli