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Sur scène

«Castor et Pollux» à l’opéra Garnier : peut mieux frères

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L’exigence de l’interprétation musicale de Teodor Currentzis ne permet pas de faire oublier la paresse de la proposition scénique de Peter Sellars.
Le côté foutraque de la mise en scène ne masque pas sa pauvreté. (E.Bauer - OnP ©Elena Bauer - OnP)
publié le 21 janvier 2025 à 6h00

Sur le papier, on avait bien quelque doute concernant l’appariement des deux principaux intéressés. D’un côté Peter Sellars, metteur en scène américain sur le retour, toujours souriant, houppette grise et veste colorée d’oiseau rare ; de l’autre, Teodor Currentzis, chef grec adopté par la Russie, muscles saillants sous le débardeur noir, cheveux gominés et mine grave, mi grand-prêtre mi-méchant dans un James Bond. Deux artistes aussi dissemblables que les jumeaux Castor et Pollux, dont l’un est mortel et l’autre non. De fait, le spectacle ne prend jamais vraiment, et c’est Rameau qu’on perd entre la fausse extravagance de l’un, et la vraie sobriété de l’autre.

Zones industrielles

Au palais Garnier, en cette soirée d’avant-première où se bousculent de très jeunes gens – une fois n’est pas coutume –, des meubles moches encombrent le plateau transformé en un appartement modeste dont les cloisons auraient disparu. En fond de scène, des vidéos montrent des zones industrielles, des immeubles décatis, des cieux nocturnes ou encore la Terre vue de l’espace. Les quelques héros de cette fable mythologique adaptée par le maître du baroque français s’y lamentent et s’y déchirent, alors que repose le corps inanimé de Castor, mort au combat, et que pleure sa fiancée, Télaïre. Pollux, lui, est tout à sa vengeance, mais aussi tout à son amour pour la jeune femme, auprès de laquelle il voudrait bien remplacer son défunt jumeau. Mais Télaïre ne l’entend pas de cette oreille et enjoint son beau-frère à négo