Le grand retour de Céline Dion était l’un des secrets les moins bien gardés de cette cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris. Le conditionnel n’était plus de mise chez les organisateurs ce vendredi 26 juillet. Après tout, impossible de faire discret quand il s’agit de la star planétaire aux 220 millions d’albums vendus. A peine avait-elle posé un pied sur le tarmac de l’aéroport du Bourget mardi, que les téléphones se sont mis à crépiter d’alertes et les réseaux sociaux à s’emplir de photos et prédictions diverses autour de sa prestation.

Mais il restait malgré tout des inconnues autour de la participation de Céline Dion à cette cérémonie. Principalement autour des capacités de la bête de scène qui a rempli le Caesars Palace quinze ans durant. Comment va sa voix ? Comment va la tornade ? «Il y a une petite prise de risque […]. On a toujours dit que c’était un spectacle vivant, ça vaut pour le fleuve et pour les être humains. Si elle peut le faire, elle le fera», ont lâché les organisateurs vendredi matin. Il faut dire que le monde entier la sait malade et l’a vue à terre il y a moins d’un mois, avec la diffusion du documentaire Je suis : Céline Dion sur Prime Video dans lequel Irene Taylor suit le quotidien de la diva victime du syndrome de la personne raide. Douleur, perte de soi et pathos au programme. Mais come-back aussi. Et nous y voici.

Après avoir posé ses valises au Royal Monceau, pleuré devant la Joconde et démenti son prétendu cachet à 2 millions d’euros, place au show. Céline Dion est bel et bien remontée sur scène, à l’occasion la cérémonie fleuve imaginée par Thomas Jolly.

Sur un cheval remontant la Seine ? Non. Perchée sur la pyramide du Louvre ? Toujours pas. Il a fallu attendre 23h20 et que la vasque olympique s’élève dans le ciel de Paris, enflammée par les derniers porteurs de la flamme (Marie-José Pérec et Teddy Rinner) pour voir apparaître celle qui interprétait The Power of the Dream à l’occasion de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’Atlanta en 1996. La diva est apparue, de blanc vêtue, au premier étage de la tour Eiffel. Pas de filin d’acier mais une présence folle et une émotion palpable après quatre ans éloignée de la scène.

Sa chanson : un monument populaire en France comme à l’étranger (encore plus depuis la Môme, le biopic d’Olivier Dahan). L’Hymne à l’amour d’Edith Piaf ! Chanson archétypale de l’aînée des «artistes à voix», de celles qui filent le frisson supérieur. Bien avant que ce titre ne revienne à la Québécoise. D’ailleurs la filiation entre la dame en noir et la native de Charlemagne ne tient pas qu’aux cordes vocales. Céline Dion, dernière d’une famille de quatorze enfants, a grandi dans la pauvreté. Tout comme Piaf a été une enfant de la misère avant d’être sauvée par sa voix. La Française écrit l’Hymne à l’amour après le décès brutal de Marcel Cerdan. Céline Dion, elle, a perdu René Angélil, son impresario et mari, en 2016 d’un cancer. Quand Thomas Jolly et son équipe ont commencé à réfléchir au casting de cette cérémonie d’ouverture hors normes, «assez rapidement on l’évoque elle, bien sûr». Pour le choix du titre, l’évidence semble aussi de mise. C’est d’ailleurs ce morceau qu’elle interprétait en 2015, en hommage aux victimes des attentats de Paris, lors des American Music Awards.

Le milliard de spectateurs et les admirateurs de Céline Dion n’auront eu droit qu’à une seule chanson. Mais la voix était bien là, l’intensité et les gestes aussi. De quoi faire cesser la pluie et faire office de feu d’artifice pour clôturer cette cérémonie.