Il fait encore très chaud à la toute fin du mois d’août alors que de grosses gouttes de pluie s’écrasent de façon sporadique sur Paris. Dans l’air, l’eau et le feu, ces éléments naturels qu’honore de ses paroles la Française Clara Ysé (1) sur un premier album intitulé Oceano Nox, en référence à l’Enéide de Virgile. Cela se traduit «et la nuit s’élance de l’océan», le poète latin usant de cette image afin d’évoquer les bateaux cachés dans l’obscurité prêts à envahir Troie. La jeune chanteuse de 30 ans, que l’on rencontre attablée à un café du XXe arrondissement, se dit fascinée par ces récits de vaisseaux marins menaçants, par l’immensité de l’océan, par les hommes et les femmes qui risquent à tout instant de s’y perdre à jamais.
Tout Oceano Nox, l’album, sera d’ailleurs affaire de sauvetage, de soi comme des autres, juste après avoir touché le fond et dans les profondeurs océaniques envisagé sa propre obscurité pour mieux remonter à la surface. Le premier EP de la chanteuse sorti en 2019, Le monde s’est dédoublé, annonçait déjà les prémices d’une épopée secouriste. Celles et ceux qui connaissent quelque peu l’histoire de la chanteuse savent que sa mère, la psychanalyste et philosophe française Anne Dufourmantelle (autrice entre autres d’Eloge du risque et ancienne plume régulière à Libération),