La découverte
Retenue cet été par le Chantier des Francofolies de La Rochelle, la jeune Nantaise de vingt-cinq ans a un avenir en forme d’arc-en-ciel. Qu’est-ce qui nous a attirés, d’emblée et sans réserve, dans ses filets ? Peut-être cette finesse d’un lyrisme éthéré, cette frémissante souplesse entre spleen aérien et chanson française classique aussi bien agile qu’instruite. Ou cette manière d’user de mots évocateurs avec une expressivité et une pureté désarmantes. Il faut lui reconnaître aussi un art funambule : voix d’enjôleuse mutine, réalisme contrasté et riche d’une sensibilité sans afféterie.
Coline Rio a fait ses classes de chanteuse avec le groupe Inuït, unique force vive féminine au sein d’un collectif de pop plurielle, exigeante et frondeuse, qui a connu un succès d’estime au cours de la deuxième moitié de la précédente décennie. Elle emprunte désormais ses propres chemins de traverse, absorbée par ses claviers. Et ses nombreuses lectures. Pour clarifier, compléter, ouvrir les yeux… Dans une veine électroacoustique, ce premier EP Lourd et délicat - prémices d’un album prévu pour mars 2023 - capture des sensations intimes, d’urgence inquiète et sur le qui-vive. Sans calcul, à l’instinct, à l’image de cette quête brûlante d’affirmation qu’elle a écrite pendant une nuit de fièvre (On m’a dit). Coline Rio alterne cavalcades fragiles et pulsations électroniques, cordes cinématographiques et tempêtes tribales contenues. Buissonnière, élégante et harmonieus